Réconcilier la petite fille qu’on était avec l’adulte qu’on devient

Réconcilier la petite fille qu’on était avec l’adulte qu’on devient

Il m’a fallu du temps pour comprendre que la femme que je suis aujourd’hui n’a jamais cessé de porter en elle la petite fille que j’étais. Longtemps, je l’ai oubliée. J’ai voulu être forte, raisonnable, performante. J’ai mis de côté ses rêves, ses peurs, ses blessures, comme si grandir voulait dire l’effacer. Mais on ne construit rien de solide sur l’oubli de soi. Se réconcilier avec son enfant intérieur, c’est apprendre à guérir ce qui a été brisé, à redonner une voix à celle qu’on a trop souvent fait taire.

Retrouver la petite fille qu’on a laissée derrière

Quand j’ai commencé à travailler sur mes blessures familiales, j’ai compris que beaucoup de mes émotions d’adulte venaient d’elle : cette enfant curieuse, sensible, parfois incomprise, qui cherchait simplement à être aimée telle qu’elle était. J’ai réalisé que je continuais à vivre selon ses peurs — peur de décevoir, de ne pas être assez, de déranger.


La première étape a été de la reconnaître, de la regarder avec tendresse. Pas pour ressasser le passé, mais pour comprendre d’où viennent mes réactions d’aujourd’hui. Cette petite fille, je l’avais laissée seule dans des moments où elle aurait eu besoin d’être écoutée. Alors, je lui ai tendu la main.

Comprendre les mécanismes de protection

Beaucoup de nos comportements d’adulte viennent de ce que notre enfant intérieur a mis en place pour survivre. Se taire, se conformer, être parfaite, tout contrôler… Ces mécanismes nous ont protégés, mais ils finissent par nous enfermer.


J’ai compris que cette adulte que je deviens doit rassurer la petite fille en moi. Lui dire que le danger est passé, qu’elle n’a plus besoin de se cacher. Qu’elle a le droit de parler, de rêver, de dire non. Cette réconciliation est un travail patient : c’est apprendre à être à la fois celle qui a souffert et celle qui soigne.

Se pardonner pour avancer

Réconcilier la petite fille et la femme, c’est aussi se pardonner. Pardonner à l’enfant d’avoir eu peur, à l’adulte d’avoir refoulé, à soi-même d’avoir reproduit des schémas appris sans le vouloir. Pendant longtemps, j’ai eu honte de certaines de mes réactions : ma sensibilité, mes colères, mes retraits.

Aujourd’hui, je sais qu’elles racontaient une histoire plus ancienne.
Se pardonner, c’est comprendre que chaque étape était nécessaire. Que même nos erreurs étaient des tentatives maladroites d’aimer ou de se protéger. C’est un acte de douceur envers soi, un pas immense vers la guérison.

Redevenir entière

Réconcilier la petite fille qu’on était avec l’adulte qu’on devient, c’est redevenir complète. Ce n’est pas un retour en arrière, c’est une intégration. C’est pouvoir dire : “Je suis celle qui a eu mal, celle qui a tenu bon, et celle qui avance encore.”


Aujourd’hui, j’écoute cette petite fille en moi. Je lui laisse sa place, sa spontanéité, son imagination. Je lui promets de ne plus la faire taire pour plaire. Je veux qu’elle se sente en sécurité, qu’elle sache qu’on a grandi, mais qu’on n’a pas oublié.

En conclusion

Nos blessures d’enfant ne disparaissent pas avec l’âge, elles se transforment en leçons. En prenant soin de la petite fille en nous, on répare le lien avec notre histoire, on apaise notre présent et on prépare un avenir plus aligné.


Réconcilier ces deux parts de soi, c’est apprendre à vivre en harmonie : celle qui a souffert et celle qui crée désormais sa vie avancent ensemble. Et dans cette rencontre entre hier et aujourd’hui, il y a quelque chose d’immensément beau — une paix nouvelle, celle d’être enfin soi, tout simplement.